Way of life - Une journee au Nepal
Comme chaque difficulte a ses points positifs, ma bronchite et celle du guide nous ont amene a rester une journee entiere dans un lodge familial, a Dingboche, un village situe dans la vallee de Chukung a 4358m. Cette journee, passee calfeutree a me chauffer au soleil a travers les vitres du lodge pour eviter de respirer l’air froid de l’Himalaya, m’a permis de mieux cerner le mode de vie nepalais… ou plutot le mode de vie de nepalais proprietaires de lodge en tout cas, puisque la vie d’un guide ou d’un porteur est bien differente.
On se leve tot au Nepal. C’est le soleil qui fait office de reveil. A six heures, chacun s’agite a sa tache. Les deux fils lavent le linge a l’eau du ruisseau qui passe a cote du lodge, le pere nettoie la terrasse et les toilettes, pendant que Madame et son employee s’affairent aux fourneaux. Il faut dire qu’en general, les trekkeurs demarrent tot leur journee, soit parce qu’ils ont beaucoup d’heures de marche a effectuer, soit par simple habitude du guide qui accepte rarement que l’on demarre après 8h00 du matin.
L’employee en question est assez jeune et travaille en lodge pour payer ses etudes d’anglais a Kathmandou pendant la basse saison. L’anglais est la langue du business au Nepal et constitue un passeport vers une vie meilleure. Ceux qui ne le parlent pas sont condamnes a des taches plus ingrates comme celle de porteur. Car au Nepal, l’argent est dans la poche des touristes. Il faut donc aller le chercher la ou il est.
Ils l’ont deja bien compris en Inde, leur attitude devenant meme inconvenante pour le touriste, qui ne peut acceder a aucune conversation ou a aucun echange denue d’interet financier (dans les villes devenues touristiques, en tout cas). Les nepalais ne sont pas fous. Ils l’ont aussi bien compris. Mais pour l’instant, leur hospitalite reste a l’avant-plan. Notre guide nous a un peu parle de cela, disant que le bouddhisme est foncierement pacifique et prone une morale irreprochable. Cela semble regler le rapport a l’autre et faire barriere aux exces et abus.
Ce matin, on entend resonner la musique quasi nationale au Nepal : “Omani Padme Um”. “Ca doit etre la musique du matin”, lance Guillaume. A notre arrive la veille en matinee, c’est en effet sur cette melodie que nous avons ete accueillis.
Pendant ce temps, quelqu’un a donne a manger au yak qui reste fige en bas de l’escalier. “On dirait qu’il a les pattes vissees dans le sol”, dit Guillaume. Il ne bougera pas plus pour avaler le sel qu’on lui sert dans un demi-jerrican coupe en deux.
Nous nous rendons dans la dining room pour commander notre petit dejeuner. Le pere vient prendre notre commande. Au passage, il vient pendre son gsm a une fenetre dans le coin droit, tout comme son fils hier. Ils n’ont eu du reseau qu’a cet endroit précis, nous dit-il.
Le reste de la matinee est passé a pendre le linge, demarrer la douche chaude pour les trekkeurs et bavarder avec les guides et porteurs qui accompagnent les clients. L’apres-midi est tres similaire a la matinee, meme si l’accueil des nouveaux trekkeurs et la distribution des chambres s’ajoute a la liste des taches.
Ils vendent quelques extras aux touristes – genre bouffe de secours en cas de fringale (mars, etc.) - tout en s’excusant du prix extremement eleve. Il faut dire qu’ils importent la nourriture de Namche et que ce qui se faisait auparavant par avion se fait maintenant a dos d’homme. Cela explique la flambee des prix, nous dit le pere, un peu gene de faire payer 2 euros un mars. Pour des gens si pauvres, cela doit paraitre invraisemblable de payer des prix pareils pour si peu ! En soiree, la temperature rafraichissant avec la disparition du soleil, les gens s’amassent autour du feu de la dining room. Lorsque le nombre de requerants est suffisant, madame vient avec ses bouses de yak sechees pour alimenter et demarrer le poele. 10 cl de kerosene et de la bouse de yak, voila le remede pour passer une bonne soiree au Nepal !
Pour les lodges depourvus de poele, c’est dans la cuisine que s’entassent les nepalais, les touristes etant alors condamnes a se les peler dans la dining room, penetrer dans la cuisine etant tres mal vu de la part d’un touriste. Le respect des codes est de mise !
Autour du poele, ca s’agite : les nepalais papotent, rient, refont le monde. De veritables moulins a parole ! Et puis, c’est a qui sera la plus proche du feu. Eux qui semblent si surhumains par moments, se revelent frileux sur la fin de journee.
Entre temps, le yak de ce matin a gagne du terrain : il a grimpe les escaliers et fait une apparition sur la terrace. Un touriste assis la le regarde un peu craintif. Le yak, lui, ne bouge toujours pas. Pretentieux, il toise le touriste de moins en moins a l’aise. La jeune employee s’encourt le chasser (le yak, pas le touriste) a coups de pierres et la bete pourtant si imposante s’empresse de quitter l’endroit.
Vers 20h00, les bruits s’apaisent dans la maisonnee. Leves tot, les nepalais se couchent tot, meme si ce sont les trekkeurs qui ont la palme : fatigues de leur journee de marche et abattus par l’altitude, ils capitulent face au froid de la nuit pour se pelotonner dans leur duvet plus ou moins chaud. Le soleil, lui, est couche depuis longtemps. C’est lui qui rythme le quotidien dans les contrees himalayennes et qui rechauffe le coeur des trekkeurs en mal de confort.
L’air, lui, reste froid, cinglant, penetrant, intraitable. C’est lui qui rend les conditions de vie si difficiles au Nepal. C’est aussi lui qui fait la magie de ce pays : il souffle le froid et la neige sur ces montagnes immenses et en fait “les grandes blanches” qui font la beaute du paysage. S’il est froid, il est aussi tres rare en altitude, ce qui fait de lui un indispensable compagnon dont on doit tenir compte, qu’il s’agisse de se couvrir ou de respirer.
Le silence de la nuit sera perturbe pour de brefs instants par les allees et venues aux toilettes des touristes ayant bu trop de the. Mais ils ne s’y attarderont pas, le froid de la nuit ne s’y pretant pas.
On se leve tot au Nepal. C’est le soleil qui fait office de reveil. A six heures, chacun s’agite a sa tache. Les deux fils lavent le linge a l’eau du ruisseau qui passe a cote du lodge, le pere nettoie la terrasse et les toilettes, pendant que Madame et son employee s’affairent aux fourneaux. Il faut dire qu’en general, les trekkeurs demarrent tot leur journee, soit parce qu’ils ont beaucoup d’heures de marche a effectuer, soit par simple habitude du guide qui accepte rarement que l’on demarre après 8h00 du matin.
L’employee en question est assez jeune et travaille en lodge pour payer ses etudes d’anglais a Kathmandou pendant la basse saison. L’anglais est la langue du business au Nepal et constitue un passeport vers une vie meilleure. Ceux qui ne le parlent pas sont condamnes a des taches plus ingrates comme celle de porteur. Car au Nepal, l’argent est dans la poche des touristes. Il faut donc aller le chercher la ou il est.
Ils l’ont deja bien compris en Inde, leur attitude devenant meme inconvenante pour le touriste, qui ne peut acceder a aucune conversation ou a aucun echange denue d’interet financier (dans les villes devenues touristiques, en tout cas). Les nepalais ne sont pas fous. Ils l’ont aussi bien compris. Mais pour l’instant, leur hospitalite reste a l’avant-plan. Notre guide nous a un peu parle de cela, disant que le bouddhisme est foncierement pacifique et prone une morale irreprochable. Cela semble regler le rapport a l’autre et faire barriere aux exces et abus.
Ce matin, on entend resonner la musique quasi nationale au Nepal : “Omani Padme Um”. “Ca doit etre la musique du matin”, lance Guillaume. A notre arrive la veille en matinee, c’est en effet sur cette melodie que nous avons ete accueillis.
Pendant ce temps, quelqu’un a donne a manger au yak qui reste fige en bas de l’escalier. “On dirait qu’il a les pattes vissees dans le sol”, dit Guillaume. Il ne bougera pas plus pour avaler le sel qu’on lui sert dans un demi-jerrican coupe en deux.
Nous nous rendons dans la dining room pour commander notre petit dejeuner. Le pere vient prendre notre commande. Au passage, il vient pendre son gsm a une fenetre dans le coin droit, tout comme son fils hier. Ils n’ont eu du reseau qu’a cet endroit précis, nous dit-il.
Le reste de la matinee est passé a pendre le linge, demarrer la douche chaude pour les trekkeurs et bavarder avec les guides et porteurs qui accompagnent les clients. L’apres-midi est tres similaire a la matinee, meme si l’accueil des nouveaux trekkeurs et la distribution des chambres s’ajoute a la liste des taches.
Ils vendent quelques extras aux touristes – genre bouffe de secours en cas de fringale (mars, etc.) - tout en s’excusant du prix extremement eleve. Il faut dire qu’ils importent la nourriture de Namche et que ce qui se faisait auparavant par avion se fait maintenant a dos d’homme. Cela explique la flambee des prix, nous dit le pere, un peu gene de faire payer 2 euros un mars. Pour des gens si pauvres, cela doit paraitre invraisemblable de payer des prix pareils pour si peu ! En soiree, la temperature rafraichissant avec la disparition du soleil, les gens s’amassent autour du feu de la dining room. Lorsque le nombre de requerants est suffisant, madame vient avec ses bouses de yak sechees pour alimenter et demarrer le poele. 10 cl de kerosene et de la bouse de yak, voila le remede pour passer une bonne soiree au Nepal !
Pour les lodges depourvus de poele, c’est dans la cuisine que s’entassent les nepalais, les touristes etant alors condamnes a se les peler dans la dining room, penetrer dans la cuisine etant tres mal vu de la part d’un touriste. Le respect des codes est de mise !
Autour du poele, ca s’agite : les nepalais papotent, rient, refont le monde. De veritables moulins a parole ! Et puis, c’est a qui sera la plus proche du feu. Eux qui semblent si surhumains par moments, se revelent frileux sur la fin de journee.
Entre temps, le yak de ce matin a gagne du terrain : il a grimpe les escaliers et fait une apparition sur la terrace. Un touriste assis la le regarde un peu craintif. Le yak, lui, ne bouge toujours pas. Pretentieux, il toise le touriste de moins en moins a l’aise. La jeune employee s’encourt le chasser (le yak, pas le touriste) a coups de pierres et la bete pourtant si imposante s’empresse de quitter l’endroit.
Vers 20h00, les bruits s’apaisent dans la maisonnee. Leves tot, les nepalais se couchent tot, meme si ce sont les trekkeurs qui ont la palme : fatigues de leur journee de marche et abattus par l’altitude, ils capitulent face au froid de la nuit pour se pelotonner dans leur duvet plus ou moins chaud. Le soleil, lui, est couche depuis longtemps. C’est lui qui rythme le quotidien dans les contrees himalayennes et qui rechauffe le coeur des trekkeurs en mal de confort.
L’air, lui, reste froid, cinglant, penetrant, intraitable. C’est lui qui rend les conditions de vie si difficiles au Nepal. C’est aussi lui qui fait la magie de ce pays : il souffle le froid et la neige sur ces montagnes immenses et en fait “les grandes blanches” qui font la beaute du paysage. S’il est froid, il est aussi tres rare en altitude, ce qui fait de lui un indispensable compagnon dont on doit tenir compte, qu’il s’agisse de se couvrir ou de respirer.
Le silence de la nuit sera perturbe pour de brefs instants par les allees et venues aux toilettes des touristes ayant bu trop de the. Mais ils ne s’y attarderont pas, le froid de la nuit ne s’y pretant pas.