Oct 31, 2005

Profession : "vendeur de couleurs"

C'est à Durbar square que le taxi nous dépose ce matin, au beau milieu d'un brouhaha incroyable et d'embouteillages monstrueux. Très peu affectés par l'ambiance et les distractions que pourraient occasionner les bruits de klaxons et les gens en nombre qui se massent autour d'eux, les vendeurs de fruits trônent sur des grands draps étalés par terre, où ils ont entassé de nombreux fruits qui colorent les rues.

Les "vendeurs de couleurs" leur font concurrence, proposant carrément des pigments très "flashs" dans le cadre de ce qu'ils appellent leur jour de festival. Nous apprendrons par la suite que ces pigments ne se vendent qu'en ces jours de fête et qu'ils servent à décorer les devantures des magasins, mélangés à des pétales de fleurs et quelques bougies. Il nous a semblé observer que ces "rosaces" tracées sur la route étaient prolongées d'une grande "queue" joignant le cercle au tiroir-caisse du magasin... Peut-être s'agit-il d'un rite pour que la "pêche aux touristes" soit fructueuse l'année qui suit ?! La préoccupation des népalais en cette saison est en effet entièrement focalisée sur le touriste qui se fait accoster en moyenne trois fois par minute.


Si la pêche aux touristes est un sport difficile, la pêche aux népalais l'est nettement moins. Il vous suffit pour cela de ralentir le pas pour jeter un oeil sur une carte quelconque et le tour est joué ! Vous en défaire sera nettement moins aisé par contre...

Nous passons le reste de la journée à Bhaktapur, après quelques kilomètres effectués en taxi, duquel nous avons tout le loisir d'observer les habitants se déplacer à pied sur de longues distances, même chargés de ballots de paille.

La ville est ancienne et calme, les véhicules à moteur étant interdits. Nous nous laissons tenter par les très nombreux objets artisanaux proposés et nous baladons tranquillement dans les ruelles de cette jolie ville, qui sera celle, au bout du compte, qui nous aura le plus séduits.

Le must de la promenade fut sans hésitation le cyber café à l'étage d'une maison délabrée. Quel décalage entre Bhaktapur, ses habitants, cette maison quelque peu glauque, et la présence d'une connexion internet !

La soirée fut consacrée à quelques achats en vue du trek du lendemain, et à la rencontre de la cinquième trekkeuse, Virginie, en compagnie de laquelle nous avons rapidement pris notre repas avant d'aller dormir pour être prêts à 6h15 le lendemain.

Jamais sans mes tongues !

Lessivés, nous n'en sommes pas moins impatients de découvrir Kathmandou, dont nous avons eu le temps de nous faire conter le charme par Jean-Claude, un passionné du Népal. "Le Népal, on n'y va pas, on y retourne !", paraît-il. Intrigués par tant de verve, c'est donc curieux et fatigués que nous avons abordé cette première journée au Népal.

Quelque peu encombrés par nos sacs, nous nous élançons vers la sortie de l'aéroport, où nous ne sommes pas seuls : des dizaines de taximen nous accostent, nous prenant quasiment nos bagages des mains. C'est la jungle !

Sortis indemnes de cette "foire aux taxis", nous voilà installés dans l'un d'entre eux, en direction de notre hôtel. Le court trajet qui relie l'aéroport à Thamel, le quartier touristique de Kathmandou, est suffisant pour nous dépayser d'emblée. Dès cet instant, nous savons que nous allons vivre une expérience un peu spéciale !

Mieux vaut ne pas regarder la route pour éviter l'infar... la route est bondée de multiples engins, piétons et animaux... les népalais roulent à gauche, parfois à droite quand ça les arrange... Ca klaxonne à tout bout de champ et ça zigzague tout autant. Les routes ne sont pas toutes macadamisées et la notion de trottoir est totalement inexistante.

Arrivés à l'hôtel sans encombres, nous découvrons les chambres du guest house choisi dans le guide du routard. L'endroit a l'air convivial. Beaucoup plus que la salle de bain, en tout cas. Une chose est certaine : je ne me laverai pas sans mes tongues !

Kathmandou, ville de tous les paradoxes

Première balade à pied et première visite : Swayanbunath. La marche pour s'y rendre nous amène à rencontrer les populations népalaises dans leurs occupations quotidiennes. Pauvreté et manque d'hygiène au programme. De nombreux enfants nous accostent en lançant fièrement un 'Hello' à notre passage. Outre les enfants, il s'agit de se défaire rapidement des nombreux commerçants ambulants si l'on ne veut pas s'engluer dans des politesses qu'ils n'entendent pas. Tout est à vendre : bijoux, objets d'art, vêtements, visites guidées, renseignements.

Longue trotte à pied pour arriver au pied de l'escalier de Swayanbunath, aussi appelé le Monkey Temple. Les marches usées glissent - surtout au retour. Nous sommes accueillis par des singes plutôt agressifs, qui s'en prennent surtout aux gourmands, essentiellement les petits naïfs et sans défense (entendez les enfants), qui ne se méfient pas assez de ces singes si mignons ! Nous avons d'ailleurs eu l'occasion d'assister à deux embuscades bien menées par ces chers singes. Leur butin : une glace et un paquet de cacahuètes.

Swayanbunath est considéré comme l'un des premiers sanctuaires bouddhiques du monde. Le décor est celui de tous les sanctuaires bouddhiques : de nombreux moulins à prières, et des petits stupas en haut des marches.

Le soir, repas au Four Season's après de longues recherches d'un lieu qui nous paraît suffisamment hygiénique. En ce début de séjour, il ne s'agit pas d'être malade ! Et nous ne savons pas encore très bien à quoi nous en tenir en terme de précautions à prendre.

Une courte balade pour digérer dans les rues de Thamel, fatigués par le bruit des klaxons tout au long de la journée, et notre périple en avion de la vieille. Nous rentrons rapidement à notre guest house, impatients d'avoir toute la journée du lendemain pour visiter. Nous nous endormons en pensant à cette journée passée, qui nous semble tellement surréaliste... L'ambiance de cette ville nous intrigue. C'est la loi de la débrouille, de la négoce, des bons plans et des 'good prizes'. Tout va très vite et en même temps, les népalais sont très zen. Nous avoisinons le 'toit du monde' et ça sent la pollution à plein nez... (nombreuses sont d'ailleurs les personnes affublées d'un masque 'anti-pollution'). C'est très touristique tout en étant très 'pittoresque' : entre deux commerces, on voit comment les gens vivent au quotidien, de ventes ou bons plans divers. C'est la ville de tous les paradoxes !

Oct 29, 2005

Après les 24h de Francorchamp, les 26h d'Abu d'Habi !

Un an après notre trek inoubliable au Népal, alors que le roi Gyanendra trônait encore sur son "trône en chocolat", je me décide à prendre la plume. J'avais envie de replonger une dernière fois dans mes souvenirs du Népal, avant d'y ajouter de nouveaux, que notre prochain trek, programmé fin août dans l'Himalaya indien cette fois, ne manquera pas de nous procurer.

Nous sommes en 2005... départ samedi 8h00. C'est pas trop tôt : ça fait des semaines qu'on décompte les jours avant le grand départ ! Itinéraire prévu : Paris - Abu d'Habi et Abu d'Habi - Kathmandou.

Arrivée lundi midi à Kathmandou, heure locale. Soit 47h45 de voyage... grâce à Gulf Air, compagnie peu fiable pour ne pas dire compagnie de m... qui nous a gentiment fait poireauter 26h à Abu d'Habi. Alors c'est pas qu'on n'aime pas les Emirats mais le but du voyage c'était tout de même le Népal !

Gros dodo sur les sièges de l'aéroport, puis devant les guichets de la compagnie, puis finalement à l'hôtel de l'aéroport, après avoir fait marcher notre grande g... ceux qui en avaient une moins grande n'ont pas eu notre chance. Dodo entrecoupé de réveils nombreux, donc, nécessaires pour ne pas manquer les boarding virtuels organisés par la même compagnie... histoire de nous maintenir en haleine. On a d'abord cru à un jeu télé basé sur la résistance des candidats. Finalement on s'est mis d'accord sur une conclusion plus crédible : c'est le foutoir !

Ce préambule peu engageant nous a tout de même permis de rencontrer d'autres âmes en peine dans l'aéroport, et de faire alliance. Cyril, Delphine, Jean-Claude et les autres... c'est toujours moins ennuyeux de s'ennuyer à plusieurs !