Nov 13, 2008

Touriste vs trekkeur

Le touriste suit le groupe, parle avec son groupe, rit aux blagues du groupe. Il a souvent emporte avec lui son jeu de cartes ou ses bouteilles de vin, pour “mettre de l’ambiance”. Il n’a que faire de savoir que c’est son porteur (qui pese 60 kgs tout mouille) qui va trimballer ces objets superflus sur son dos, dans des pentes raides que lui-meme n’arrivera pas a gravir sans l’aide de sherpas. Le touriste, lorsqu’il arrive dans un lodge, arrive en terrain conquis. S’il s’agit d’un groupe de francais, par exemple, la ou tout le monde entre en disant “hello” discretement, le touriste scande fierement “bonjour” ! Pendant le repas, vous aurez d’ailleurs droit a la narration de tous les exploits du groupe, que vous le desiriez ou non.

Le touriste fonctionne comme s’il etait chez lui. Il va commander le plat de son choix, meme si sur un troupeau de 12 personnes, cela peut occasionner 12 plats differents. De preference, il va commander des plats qu’il connait : pizzas et autres cheeseburgers, deplorant que ca n’aie pas le meme gout qu’a la maison.

Le touriste marche en troupeau. Lentement. Il meconnait la regle “en montagne, priorite a celui qui monte”. Il a une moyenne d’age de 50 ans, voire plus. Il aime se reposer sur l’organisation d’une grosse agence occidentale.

Au moment ou j’ecris, un troupeau arrive justement au lodge ou nous sommes, pour prendre le lunch. C’est pas ca, ils nous font bien rire : installes en file indienne devant le lavabo, ils font la queue pour se laver les mains ! Dans cet immense paysage invitant au vagabondage et a la liberte, ils font la queue devant un lavabo !!! C’est desolant. Ou desopilant… c’est comme on veut.

Maintenant, on n’entend plus qu’eux dans la dining room. Ils se battent pour etre les premiers servis et parlent fort.

En soiree, une fois le repas avale, leur coach leur explique le programme du lendemain pendant qu le sherpa leur distribute une bouillote a chacun. Agrippes a celle qui leur a ete attribuee, les voila animes par de la musique traditionnelle. Les petits sherpas sont requisitionnes pour mettre de l’ambiance et faire les clowns au milieu du dining room. Ce qui devait arriver arrive : ils dansent ! D’abord les sherpas, puis quelques “clients”, encourages par les battements de mains de leurs congeneres.

Le trekkeur qui n’a pas signe pour ce programme d’animation se le voit impose.

Toute l’annee, on se coltine la beauferie. On est maintenant obliges de se la coltiner en vacances ! Je pensais pourtant que ce genre de choses etaient reservees a la mentalite “camping” ou “all inclusive”…

Le trekkeur… Sa premiere particularite, c’est qu’il toise les troupeaux de touristes assistes. Avare de politesses vis-a-vis de cette race en voie de multiplication, il se montre peu reactif aux “bonjours” naifs des membres de ces groupes. Sportif agueri, il est plutot jeune ou vieux renard des montagnes. Il a la parole facile avec ceux qui sont comme lui : seuls ou en petits groupes. Generalement, il parle au moins l’anglais, langue necessaire au Nepal si l’on veut se debrouiller sans l’aide de grosses agences occidentales. Il a les tympans fragiles et se montre vite agace par les envolees bruyantes des troupeaux de touristes.

Sensible a la situation politique et culturelle du pays, il aime se retrouver seul dans des petits villages recules, a decouvrir les particularites du quotidien des nepalais.

S’il est venu si loin, c’est pour decouvrir autre chose et pas pour passer son temps avec des gens qu’il frequente toute l’annee, a parler du quotidien qu’il a laisse bien loin pour en etre quitte l’espace d’un mois de vacances !

Le trekkeur a de grandes ambitions. Il cherche a atteindre des endroits inaccessibles ou l’empreinte de l’homme n’a pas defigure la montagne. Il peut, pour cela, braver l’inconfort et deployer toute son energie a atteindre son objectif.

En bon sportif, il connait ses limites et celles de la montagne. Il ne recule par contre pas devant le premier obstacle.

Amoureux de la nature, il sait apprecier en silence les tresors de celle-ci, preferant sa solitude aux jacassements des troupeaux. Veritable pelerinage pour lui, ses escapades dans l’himalaya sont repetitives et font coupure dans un quotidien plus “contemporain”, plutot que prolongement d’un lien social deja la toute l’annee. Il ne voit pas ses vacances comme du scoutisme pour attardes mais bien comme une nouvelle experience qui, comme toute experience, aide a avancer.

2 comments:

Anonymous said...

Que celui qui n'a pas compris que ma petite Céline veut la paix pendant ses vacances soit éjecté de ce pays en vitesse!!!!
;)
Bisous gladys

Anonymous said...

:-) Au moins, le message est passe ! Pfiou on est sauves :-)