Mar 1, 2003

Délicieux accent !

Extrait d'un programme TV québecois
pour goûter aux joies de l'accent du pays

Paf le chien

Cher Tchantchès,


Trève de roucoulements, il est l'heure de travailler ! Je me retrouve aux ressources humaines dans une boîte lucrative nord-américaine... Non pas que cela m'enchante, mais bon, je ne vais pas passer mes journées à ne rien faire et puis, c'est toujours une expérience à prendre ! Alors pour faire bref, l'ambiance est détestable et le travail peu intéressant... On passe beaucoup de temps à faire des choses inutiles (ils appellent ça la "qualité"... en gros cela consiste à écrire tout ce qu'on fait sur papier, puis mettre ces papiers dans des dossiers, ces dossiers dans des armoires et puis au bout de deux ans tu vides les armoires dans les archives...). Sinon, les ressources humaines n'ont d'humain que le nom, et je suis une espèce d'extra-terrestre dans cette boîte : entre eux, ils parlent en patois québecois et en franglais (ils traduisent littéralement des termes anglais en français ou utilisent des mots anglais pour dire des choses pour lesquelles il existe des mots français). Bref, tu pitonnes sur ton laptop ou alors tu slaques cette tabarwatte de powerbar... quand c'est pas le toner de la photocopieuse qui est magané... Donc évidemment, ma vitesse de compréhension de ce qui m'est demandé n'est pas optimal, et ça ne facilite pas les rapports aux collègues, qui ne font guère d'efforts pour m'aider... car contrairement à ce que l'on pense, OUI le québecois est sympa, mais AVANT TOUTE CHOSE, le québecois est nord-américain, et ça se ressent dans un espèce d'INDIVIDUALISME détestable... "Chacun sa croix", ce serait un bon résumé de l'ambiance au bureau !Bref, je pitonne sur mon laptop qui est, bien sûr, qwerty (nom di djû c'est agaçant en tabarwatte !), et je feuillette des cv tous plus épais les uns que les autres... il faut dire qu'ici, ils ont la fâcheuse manie d'obtenir un diplôme dès qu'ils font une formation bac à sable de deux heures, alors ça en fait des choses à inscrire !!!Moi, je ne la ferai pas plus longue car les désillusions sont dures à digérer... mon diplôme, je peux le jeter à la poubelle, et les relations au travail sont au ras des pâquerettes ! Moi qui pensait m'intégrer par le biais du travail, c'est pas vraiment le bon plan !
Bien à toi,
Pantoute

Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver !

Descente en traîneau sur le parvis près du Frontenac

Cher Tchantchès,

J’ai bien résisté au froid et j’ai même eu le courage de sortir de ma couette cet hiver… Tu t’en doutes, nous sommes loin des hivers pluvieux de la Belgique ! Ici, on a eu vraiment beaucoup de neige. Mais le plus dur, ce n’est pas la neige : c’est le froid ! Malgré les chaufferettes aux pieds, skier par –25°C, c’est un peu galère, alors c’est vrai que souvent, rester au chaud serait plus facile ! Mais non, n’écoutant que notre courage et notre émerveillement d’européens affrontant leur premier hiver, on a chaussé nos skis ! Tu devrais voir les pistes, ici : le rêve ! Pas de file aux télésièges, peu de monde sur les pistes, pistes qui sont à 30 minutes de la maison, et puis, adieu les plaques de verglas ! Oui, vraiment, dommage qu’il fasse si froid. Heureusement, nous avons découvert la "balaklava"… nom bien compliqué pour désigner une cagoule… Pas très esthétique, je te l’accorde, mais ça tient chaud ! A ces températures, on fait fi de coquetterie, crois-moi ! Je veux bien t’en envoyer une pour Nanesse, si tu veux (c'est la copine de Tchantchès)... vous allez lancer une nouvelle mode à Liège ! Evidemment, nous n’avons pas non plus résisté à la tentation de nous essayer à la motoneige ! Bruyant, polluant, mais bon, il faut bien que l’on teste un des sports nationaux ! Bilan : c’est l’fun ! C’est l’fun mais une demi-journée est suffisante, en ce qui me concerne… Quelques pointes à 100 kms/h., quelques virages serrés où l’on se demande si l’on n’a pas surestimé la capacité de la motoneige à tenir la route, les petits chemins en forêt, les routes à traverser (légèrement en « crabe » pour notre part) et puis cette sensation d’aventure et de liberté que procure un tel engin… Bilan sympa, quoi ! Tu vois, on a fait beaucoup de choses cet hiver, et encore, je t’ai passé le chapitre sur les trails en raquettes, celui de notre premier contact avec le ski de fond, et celui de notre visite de l’hôtel de glace… Par contre, parce que je sais que tu aimes ça, je te dirais bien un petit mot du carnaval de Québec. Tout d’abord, oublie tout déguisement : il fait trop froid pour ça ! Ici, qui dit carnaval dit froid et caribou… Le caribou, c’est cet alcool que les gens boivent dans les rues, tel le pèket dans les rues de Liège les jours de fête ! Oui, je sais, tu vas me demander de te parler du folklore, de la tradition… Ben tu sais, ici j’ai l’impression que les gens se cherchent un peu… ils cherchent à créer une tradition qui n’est guère encore définie. Cela semble un peu créé de toutes pièces, sans fondement, sans épaisseur. Alors, oui, la course de canots sur le Saint-Laurent, les descentes en luge sur la glissoire, la tire d’érable, tout ça c’est chouette ! Ca semble inscrit dans l’histoire, et c’est quelque chose qui leur appartient, qui leur ressemble… Mais c’est quoi ce défilé ?! Je t’assure que l’effort de sortir ce jour-là a été dur à faire tant on en avait un peu marre de se geler les miches. Eh bien, franchement, ça n’en valait guère la peine ! Sauf si tu veux voir le poulet Saint-Hubert se dandiner près de chars misérables et jonchés de publicité… ou alors si cela t’intéresse de mater les biscuits oréo entamer une chorégraphie qu’ils ont répété la veille… à moins que tu ne sois intéressé par un défilé de side-cars de la police québecoise ! En plus de la nullité du spectacle, ce qui est plus triste je trouve, c’est ce manque d’identité propre et cet envahissement de la publicité ! Pour moi, le carnaval, c’est une fête, une fête gratuite, sans calcul, où seul l’amusement est ciblé ! Rien à voir avec cette mise en scène publicitaire et cette mascotte digne du bonhomme Michelin ! Bon, je suis d’accord, une tradition ne se crée pas en deux jours, on va leur laisser le temps… mais pour l’instant, le défilé du carnaval de Québec, on dirait les enfants européens qui fêtent Halloween : c’est commercial à donf et y a rien derrière ! Pour terminer, un bilan rapide sur le concours de sculpture sur neige : le Canada, le Québec, la Belgique et la France ont eu des prix… ça te fait sourire, j’en suis sûre… moi ça m’a fait la même chose : on se croirait en Belgique avec les « guerres linguistiques »… car étrange coïncidence, il n’y a pratiquement que les francophones qui ont eu un prix… Après ce rude hiver, j’attends impatiemment les beaux jours qui tardent à venir… Gros becs de Québec !
Pantoute

Les joies de la neige

A l'aube d'une nouvelle vie

Cher Tchantchès,

C'est 7 mois après notre installation à Québec que je t'écris cette lettre... Il s'en est passé des choses depuis, séééés ! Mais commençons par le début : la mutation de Guillaume au mois de mars 2002, ma demande de pause-carrière, le retour de Guillaume début juillet, notre mariage le 6 juillet, l'organisation du déménagement, mes aurevoirs fin août et mon arrivée à Québec le 1er septembre 2002 ! C'est donc un peu étourdie que j'ai posé le pied sur le continent ! Il a rapidement fallu y poser les deux... pieds : les caisses à défaire, les démarches à poursuivre, le boulot à organiser... bref, le tourbillon des derniers mois se prolongeait pour quelques semaines encore. Après la tempête, le calme : plus de formalités ni de listes interminables de choses à faire... on peut enfin profiter de notre longue (!) lune de miel. Tout ce temps et cet espace rien qu'à nous ! Waw ! Ce fut aussi le temps des découvertes : le prix des produits laitiers (my god que c'est dispendieux... i paraît que c'est pask' i faut payer le chauffage aux vaches pendant l'hiver), la viande aux hormones, le coca bleu, les paquets de margarine de 10 kgs, le lait au calcium, le lait homogénéisé 2%, le lait homogénéisé 3.5 %, le lait partiellement écrémé 2%, le même en 3.5% avec addition de vitamines D et A, mais aussi les grands espaces, l'accent délicieux, les expressions colorées, la culture, le nouveau boulot,... Doucement ensuite, le vide s'est fait sentir : personne à aller voir le vendredi soir, pas de soirées passées à refaire le monde un verre à la main, personne à qui parler... Bien sûr, on est bien tous les deux, mais rester scotchés 24h/24 l'un à l'autre, ça ne va pas non plus... Alors pour se sentir moins seuls, on a investi l'ordinateur : vive les e-mails !!! En Europe, on a laissé notre GSM : plus de coups de fils à tout bout d'champ ! Par contre, plutôt crever que de vivre sans ordi !!! Ca, c'est la période "jamais sans mon laptop"... Tu vois, Tchantchès, c'est pas facile tous les jours... je me sens plus belge que jamais, même si ce n'est pas la faute à Québec : c'est juste que parfois, on devient nostalgique et on se rend compte à juste titre que notre vie importe à peu de québecois alors que tant d'amis belges nous demandent de nos nouvelles ! Ne sors pas tes mouchoirs sais-tu, on a un truc pour calmer ces moments de blues : viens voir dans nos placards, y a un peu de Belgique (qui a parlé de chocolat ?)!!!
Pantoute

Fête de la St-Jean à Québec : fête nationale et "nationaliste"