No war no peace ! [Jagat 1350m]
Nous quittons ce matin Ngadi pour Jagat, que nous rejoindrons dans le courant de l'après-midi. Notre nuit a été bonne : le lodge était propre et accueillant. Nous sommes donc fin prêts pour rattrapper les heures de marche en moins de la veille. C'est
aujourd'hui le premier long jour de marche (environ 6h), mais les dénivelées sont encore raisonnables, ce qui nous laisse le temps d'apprécier le paysage et les particularités du trekking : le chemin est assez fréquenté, par toutes sortes de gens. Par les touristes, qui goûtent, comme nous, aux joies de la randonnée, mais également par les autochtones, qui parcourent des kilomètres à pied pour rejoindre Kathmandou pour passer l'hiver. Il faut dire que l'hiver est rude en Himalaya, et les villageois profitent d
e la saison touristique pour faire des économies, ce qui leur permet ensuite de subsister plusieurs mois à Kathmandou loin de chez eux. Nous sommes à la fin de la saison touristique, et certains népalais sont déjà en route vers la capitale. Mais il y a également d'autres voyageurs : ceux qui "véhiculent" de la nourriture ou du matériel dans les villages. Ainsi, un troupeau d'ânes nous précède ou nous suit, selon les moments. Les doubler n'est pas une mince affaire, le chemin é
tant très étroit par endroits. Il nous semble que notre guide a plutôt peur des ânes, ou du moins, il ne les aime pas. Ceux-ci transportent de gros sachets de riz ou même des bidons d'essence. Le plus cocasse, ce sont les porteurs qui emmènent sur leur dos, dans des cages, des poules ou même des petits cochons... qui font l'admiration des touristes que nous sommes.



Nous prenons un déjeuner très agréable à Spanje en face d'une chute d'eau. Je profite de l'intermède pour juger du poids des sacs transportés par notre porteur, Donny. Il porte à la fois mon sac et celui de Guillaume, et j'ai bien du mal à hisser c
e poids énorme sur mes épaules sans me croquer le dos. Une fois le sac sur le dos, je me sens comme "skotchée" au sol. Je ne me vois pas du tout refaire ce que je viens de faire avec cette masse sur le dos ! Expérience concluante : ma culpabilité se dissipe !


Dans la soirée, Suké, le guide, nous signale qu'il a un "big problem" : un maoïste a investi sa chambre. Nous devons nous réunir pour l'écouter. Ce qu'il a à dire est très simple : we need to pay ! Sinon, c'est demi-tour. Le racket n'est pas trop important : nous devons nous démunir de 1000 roupies par personne, soit environ 12 euros. Il appelle ça une "taxe", similaire à celle que nous devons payer lorsque nous atterrissons sur un territoire. Ce sont les taxes d'aéroport, qui re
viennent à l'état. Les maoïstes, eux, contestent le pouvoir établi. Ils ont leur propre "gouvernement", qui ne voit pas la couleur de ces taxes perçues par les autorités. Ils en ont donc créé une, qu'ils viennent récolter auprès des trekkeurs, via des menaces qu'il s'agit de prendre au sérieux, puisqu'ils sont tout de même armés.

Après s'êtres acquittés de notre "taxe", nous discutons quelques minutes avec le maoïste en question. Il nous explique que pour eux : "No war no peace". Ils estiment que le gouvernement actuel est une dictature, le roi Gyanendra s'étant octroyé les pleins pouvoirs après avoir fait assassiner son propre frère. A l'heure où nous lui parlons, les maoïstes sont surtout présents dans la région du Tibet et dans les montagnes. Ils ne comptent investir Kathmandou et Pokara que dans trois mois environs, car actuellement, c'est la trève. Les maoïstes auraient une armée d'un million de personnes.
C'est ce que nous avons pu comprendre de cette discussion avec celui qui nous appelons "le maoïste", qui parlait l'anglais, il faut le dire, comme une vache espagnole. D'ailleurs, ses explications de certaines métaphores relatives à sa vision de la guérilla sont restées impénétrables...
Après ce petit intermède "politique", nous retrouvons avec plaisir nos plumes pour une nuit bien méritée.
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