Nov 11, 2005

Free Tibet ! [Kagbeni 2810m]

La journée commence par la visite du monastère de Muktinath, les jambes légèrement raidies par l'étape de la veille. Le monastère ne paie pas de mine, mais il est entouré de barbelés et d'un mur faisant penser à une ville fortifiée. Nous parcourons le monastère, où nous avons notamment l'occasion de visiter deux salles de prières. Des moines, nous n'en verrons pas.

Suké nous explique que le roi (l'ancien) a été (les cendres) déposé dans ce monastère, ainsi que celles de la reine et de la princesse. Dans leur culture, c'est le Lama qui décide du destin des morts : c'est lui qui décide d'opter pour la crémation, pour jeter le corps dans le fleuve sans crémation, ou pour le faire découper en morceaux pour nourrir les aigles. C'est le destin réservé aux personnes qui ont fait une mauvaise vie.

De nombreuses cloches sont présentes dans le monastère. C'est le signe de l'hindouisme car les bouddhistes ne mettent pas de cloches devant leurs monastères, nous explique notre guide.

Après la visite, il est difficile de se motiver à marcher. Pourtant, 3h00 nous séparent de Kagbeni, où l'on se rend à pas peu décidés pour une longue descente de 1000m de dénivelées. Sur notre chemin, Jarkot. Petite ville fortifiée, située sur un bout de terre d'où l'on peut admirer les paysages arides du Mustang. Il semblerait que cette importante différence de végétation soit due au fait que la mousson n'atteint pas le Mustang, contrairement au reste du Népal. Cela explique les montagnes brunes qui contrastent avec les montagnes enneigées de la région que nous venons de traverser.


Nous croisons de nombreux trekkeurs dans l'autre sens, qui ont l'air nettement moins abattus que nous et tous ceux qui font le tour des Annapurnas. Après Jarkot, la marche est longue dans les paysages secs et déserts. La route semble infinie. Elle nous mène à Kagbeni, après une descente raide difficile pour nos jambes fatiguées. De là, nous pouvons admirer un nouveau sommet à plus de 8000m, qui, tout comme l'Annapurna, ne lache q
ue très rarement son petit nuage. C'est un peu comme les baleines et les petits poissons qui tournent autour ; ici, c'est la montagne et son petit nuage.

Nous visitons les Portes du Mustang dans l'après-midi, ainsi qu'un monastère important, qui recèle beaucoup de livres sacrés uniques. Un moine nous fait la visite et nous explique en anglais les fondements du bouddhisme. Il y a apparemment quatre "sectes" (secte étant le mot qu'il emploie). "Same God mais les rites sont différents". Il nous parle des particularités de celle qui est nommée "Boon po". Il s'agit d'un vieux bouddhisme où les sacrifices sont toujours présents. De même, habituellement, on tourne de gauche à droite autour des stupas et des moulins à priéres. Eux, font l'inverse. Leur symbole est le même que celui des nazis, semble-t-il. Ils sont également adeptes de la médecine chamanique, et sont un peu à part par rapport aux trois autres "sectes".
Le Dalaï Lama "règne" sur toutes les sectes, et l'enfant de 5 ans dont nous avons vu des photos est l'enfant qui a été choisi comme futur nouveau Lama. Les Lamas qu'ils choisissent petits sont la réincarnation d'un ancien Lama.

Au Tibet, ça fait 50 ans que les chinois ravagent la culture bouddhiste, tibétaine. Les moines ont fuit en Inde pour la plupart. Les monastères, certaines thankhas et livres sacrés ont été brûlés par les chinois. Dans ce monastère-ci, ils sont fiers d'avoir pu conserver certaines reliques.

La philosophie du bouddhisme est la compassion et le respect. Le moine résume ça par : "your problem is mine". Les bouddhistes croient en Bouddha, au Nirvana et en la réincarnation.

Après cet intermède religieux, nous visitons rapidement la ville un peu différente des autres, avec ses ruelles pavées, ses nombreux troupeaux d'animaux et les petits recoins biscornus. Demain, 4h30 de marche nous attendent. J'ai du mal à me dire que je vais encore devoir marcher : mes jambes sont courbaturées ainsi que mes épaules et mes triceps. Il faut dire que les acrobaties d'hier dans la poudreuse ne pouvaient que se faire sentir !

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