Nov 25, 2007

On the moon ! [Thangsing-Goetcha La (4800m.)-Thangsing]

Réveil matinal. C’est à 2h45 du matin que Jhalak nous réveille et nous sommes priés de nous préparer rapidement. La nuit est froide et nous devons prévoir un maximum de matériel chaud pour l’ascension. Nous partons à 3h15, après une « noodle soup » bien chaude. Ca ne m’empêche évidemment pas de partir avec mon torticolis… pas très confortable pour ce genre d’exercice !

Deux heures de marche dans le noir, avec des passages à gué un peu compliqués, du à l’eau et aux pierres gelées. Il ne s’agit pas de se mouiller les pieds ! Vu le froid ambiant, ça nous serait fatal et nous devrions rebrousser chemin… chose que nous voulons éviter à tout prix !

Nous arrivons à Lamuni, campement auquel voulait nous amener notre guide dans un premier temps. Jusqu’ici tout va bien. Il nous annonce une very steep montée – je confirme – avant d’arriver au lac. Il ne fait pas encore jour mais le soleil se lève sur le Kanchenzonga, troisième plus haut sommet du monde ! Nous attendons quelques temps histoire d’en profiter complètement. On se refroidit un peu, c’est le problème ! Le spectacle est superbe et nous l’apprécions malgré les conditions.

Nous nous dirigeons ensuite vers le lac, que nous contournons, et sur lequel des canards se promènent. Notre guide nous annonce que c’est un fait très rare et que c’est parce que nous sommes dimanche… Argument spécial ! Il essaie souvent de nous faire avaler des sornettes… à moins qu’il ne croie à ce qu’il dit…

Nous reprenons notre marche, longue mais supportable, vers le point de vue du Goetcha La. Nous rejoignons ce point de vue après 4h de marche, ce qui est un temps convenable, surtout quand on s’est tapé Thangsing-Lamuni avant. C’est superbe.

Par contre, si le paysage nous ravit, nous savons que nous ne sommes pas encore tout à fait au Goetcha La. Les autres trekkeurs nous ayant briefé là-dessus et sur l’impossibilité d’aller au bout à cause de la glace, nous appréhendons de découvrir un passage impraticable.

Nous arrivons au passage en question. Après examen de la situation, l’endroit est en effet un peu casse-gueule mais avec un bon pied montagnard et en faisant attention, il n’y a aucun danger. Nous descendons cette fameuse descente qui a arrêté tous les autres trekkeurs et reprenons notre route vers le Goetcha La dans un espèce de désert de sable, résultat de l’érosion des glaciers. On se croirait sur la lune ! L’endroit est plat, ce qui rajoute à son charme.

Nous poursuivons notre route, avec un petit break biscuits car la faim se fait sentir. Si la faim se fait sentir, le froid aussi ! C’est le plus dur dans ce trek : le froid qui transperce, qui glace et fige sur place. Ne jamais se laisser refroidir, pour peine de ne pas arriver à se réchauffer ensuite !

La dernière montée vers le col est aussi à mettre dans la liste des difficultés tant elle nous en aura fait baver : trois pas en avant et deux en arrière… c’est tellement raide qu’on recule ! Et à 5000m, difficile de lutter contre la gravité.

Et puis enfin, le grand spectacle ! Le Goetcha La et sa vue imprenable sur le troisième plus haut sommet du monde ! Majestueux ! La vue à 360° vous donnerait bien envie de rester là à contempler le paysage toute la journée. Mais le froid vous en dissuaderait très vite ! Nous y sommes seuls, ce qui rajoute au charme de l’endroit : son inaccessibilité le rend encore plus charmant. On se sent au bout du monde. Les dizaines de photos prises ne rendront pas ce qu’il en est vraiment.

Nous nous décidons à repartir. Ca devrait aller mieux à la descente ! Malgré tout, l’altitude, le froid et la faim nous ont bien fatigués et nous voilà cuits. Difficile d’avancer ! De retour au view point du Goetcha La, après la remontée de la fameuse descente, fastidieuse, un porteur nous amène de quoi manger un peu. Ce n’est pas du luxe car nous ne tenons plus debout. Aussi bien Guillaume que moi, nous titubons et fonctionnons au radar. Toute difficulté technique rendrait le crapahutage dangereux car nos mouvements sont peu précis et flageollants. Si ce « repas » n’est pas du luxe, le fait que le porteur soit venu nous l’apporter, l’est !!! Un œuf dur, une pomme de terre et un pancake tiède avec du thé chaud… un régal ! Tout est relatif en haute montagne !

Recommence alors l’interminable descente dont on ne voit franchement pas le bout. C’est à ce moment que l'on réalise tout le trajet effectué pendant la nuit.

Nous sommes 2 sur 13 à y être arrivés à cette période… Comme quoi, avec force et obstination... ou la méthode Step by step... on arrive à tout !

De retour au campement, on n’arrive plus à rien, par contre. La seule chose dont nous sommes capables est de dormir. Même manger est trop fatigant. Mon torticolis a pris des allures de crampe permanente assez insupportable. Guillaume m’appelle Robocop, résultat de ma façon de tourner la tête. Le reste de la journée passe dans une demi-somnolence, cloîtrés sous notre tente dans nos duvets, histoire d’échapper au brouillard et même à l’espèce de grésil qui tombe. On se les pèle, en bref et pour changer !

La nuit n’est pas terrible non plus, grâce à mon torticolis, le froid et un mal de gorge qui pointe. Mais le plus dur est fait, et nous en aurons bientôt fini avec les nuits froides.

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